Un coup de peinture verte

Fifi était vert de colère. Tout le monde était « écolo » maintenant. C’était une mode !

Il fallait parler de transition, de plan climat voire même, paraît-il, de contrat de transition écologique.

Impossible d’avoir un discours au sein de sa collectivité territoriale sans des mots comme « plan, contrat, transition ».

Le personnel était informé et devait appliquer ces consignes.

A propos de consignes, même des déchets ménagers devenaient verts en brulant et en alimentant un réseau de chaleur. Fifi pensait que la logique serait de diminuer les déchets plutôt que les brûler. Mais il paraît que c’est écologique et « un coup de peinture verte» !

Toutes les communes deviennent des « villes écologiques » comme si quelques actions allant dans le bon sens donnaient un brevet de transition écologique.

Fifi savait que ces mots étaient « porteurs » pour les élus comme d’autres mots l’ont été précédemment. Ils permettent de donner « un coup de peinture verte ». Mais la conviction est-elle vraiment là ?

Même la logistique était devenue écologique avec ses centaines de milliers de kilomètres parcourus par les camions. Il suffit de parler de « cluster innovation logistique » pour oublier les camions» et faire moderne !

Le plus drôle c’était l’Ecoétablissement Public d’Aménagement (EPA) qui « soutient un pôle d'excellence des éco-activités et de l'éco-développement avec un parc aménagé dans une démarche de haute qualité environnementale ! ».

« Les entreprises (sont) éco-responsables et impliquées dans la transition environnementale. Le parc d’activités dispose d'une écopépinière ».

L’éco, l’éco, l’écooooooo ! Le mot magique qui donne de l’écho et «un coup de peinture verte ».

« Finalement » pensait Fifi, « je suis ravi : avec toutes ces actions, il n’y a plus de gaz à effet des serre, la qualité de l’air est bonne, la biodiversité est revenue, le monde est durable, … ».

Il remerciait tous ces élus qui avaient compris la gravité de la situation et, avec la population, mis en oeuvre les actions nécessaires.

Un grand bruit le réveilla brutalement. Son rêve, hélas, n’était qu’« un coup de peinture verte » !