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Libre expression

« Libre expression »

Un fidèle lecteur d’Evry-Courcouronnes nous transmet la lettre qu’il a adressé à Mme la Présidente de WWF-France, le 29 octobre 2019, au sujet de l’accord signé avec l’agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart.

 

Chère Madame,

Comme vous, et issu de la même école (l’ENSAR), je suis convaincu de la gravité des enjeux environnementaux, parce que la question du développement durable et du maintien de la biodiversité sur notre planète est le principal enjeu de l’humanité à très court terme. Je donne au WWF depuis 2 ans, et pour cette même raison, je vais arrêter et le faire savoir pour les raisons suivantes :

L’Eté dernier j’ai reçu dans ma boite aux lettres la revue d’information de l’agglomération Grand Paris Sud dans laquelle figure un dossier : « Grand Paris Sud au rendez-vous de la transition Ecologique ». Vous y êtes présentée comme un trophée, entourée d’une équipe d’hommes aux visages souriants. La photo est grande, et on nous parle d’un accord signé avec WWF. Et d’ailleurs peu est dit sur ce qui a été signé en échange. Dans ce numéro, on nous parle également de vélo, de pistes cyclables, de circulation douce, de moutons qui tondent les pelouses…

Toujours plus d’annonces incantatoires et mièvres, qui masquent une absence de mesures efficaces sur les vrais enjeux. Et tout ceci donne l’impression que les élus se sont acheté un panda à pas cher, en verdissant leur image en vue des municipales :

Une belle opération de « green washing » en somme… Vous validez des intentions, qui se traduisent par une communication incantatoire. Les intentions, on le sait tous en matière de politique, c’est comme les promesses cela n’engage que ceux qui les entendent.

A côté de cela, (liste non limitative) :

· Depuis des années les programmes immobiliers saccagent les terres agricoles et espaces naturels de la région pour y construire des « éco quartiers » qui n’ont d’éco que le nom (voir en page 28 du magazine de GPS d’octobre, une magnifique photo aérienne de ce que nous fabriquons en détruisant à rythme accéléré les riches terres fertiles du bassin parisien), des entrepôts de logistique sur des terres agricoles de première catégorie.

De nombreux programmes sont en cours (par exemple, le programme en cours par Kaufman & Broad à Lieusaint dans l’écoquartier de l’Eau vive), et la tendance ne s’inverse pas.

· Les villes de l’agglomération continuent à encourager les constructions en béton isolées (mal) à la laine de verre. Partout on voit de grands immeubles, laids et de conception à l’ancienne :

· La ville de Ris-Orangis a mené un projet 1 d’installation de maraîchers bio, en déplaçant à coup de pelleteuses des milliers de tonnes de terre végétale pour faire « vert » et durable (projet installé en proximité du rond-point de la nationale 7, le long du Ru « Ecoute s’il pleut », à la limite d’Evry), alors que dans le même temps, et dans la même communauté de communes, on saccage des terres agricoles de première catégorie à quelques kilomètres de là. Bref, comme un peu partout, on détruit la campagne et on cherche désespérément à l’installer de manière artificielle en ville.

· Les élus de l’agglomération de Grand Paris Sud ont coupé la branche de la vallée de la ligne RER D, qui desservait Paris sans changement depuis 1840, pour desservir toujours mieux la branche de Melun et encourager à poursuivre le saccage des terres agricoles pour construire n’importe où, et à n’importe quel prix avec le support de IDFM, et la grande satisfaction de SNCF qui va pouvoir mieux faire rouler les trains.

Tout ceci n’est pas moins grave que la destruction de la forêt amazonienne, et c’est proche de nous. Mais le dire et le faire savoir n’est pas politiquement correct.

Plus récemment encore :

· Nous venons de recevoir dans nos boites aux lettres le nouveau numéro du journal de propagande de la même agglomération (N°29 octobre 2019), intitulé « Ensemble agissons pour le climat », qui en fait encore des tonnes sur des messages verts sous forme de mièvrerie incantatoire, en exhibant des éoliennes et des arrosoirs alors que les vrais sujets ne sont pas adressés, et qu’il s’agit en fait d’une détestable opération de communication dont vous êtes, malgré vous, complice (Voir estampillage du panda en 4ème de couverture de cette même revue).

( Note de GPSE : il s’agit du 1er contrat de la transition écologique francilien signé récemment en présence de la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire.)

· Une mention particulière pour le programme des 23 et 24 novembre prochain pour la semaine du climat mis en avant sur le site web de Grand Paris Sud : la grande mascarade pendant que le bétonnage à grande échelle se poursuit en tout impunité et avec plein de bonnes intentions.

Que les politiques manipulent l’opinion avec une communication incantatoire plus ou moins subtilement verdie, nous y sommes de plus en plus habitués.

Il est cependant surprenant que WWF puisse se faire piéger par des manœuvres politiciennes aussi grossières, et que l’organisation ne soit pas plus rigoureuse pour gérer la manière dont l’image du panda est utilisée. Elle vaut plus cher que cela.

J’ai probablement mal compris votre stratégie. Pouvez-vous expliquer comment vous espérez avoir un effet réel sur la transition énergétique par vos actions qui semblent si décalées vis-à-vis de l’urgence de la situation ?

E.L .

 

Note de GPSE : Notre fidèle lecteur attend toujours une réponse de la part de WWF France

Date de dernière mise à jour : 25/01/2020