Agriculture et pesticides

Agriculture et pesticides : des conséquences concrètes ?

 

L’arrêté anti pesticide du maire de la petite commune de Langouët (Ile-et-Vilaine) du 27 août 2019 a créé le « buzz ». Les media en ont beaucoup parlé (id : Envoyé Spécial – FR2 – 22 octobre 2019). Certains édiles de nos communes ont souhaité apporter leur soutien à cette initiative, d’autant que l’arrêté de la petite commune bretonne a été annulé par la préfecture de Rennes : il est jugé comme légitime, mais reste illégal !

L’ARNASSEN, membre de Grand Paris Sud Ecocitoyen, avait interpellé en mars 2019, les municipalités sur le territoire desquelles est situé le hameau de Noisement, par un courrier de questionnement sur la couleur brune d’un champ à la suite d’un épandage destructeur.

 

Le constat :

· d’un côté, la population riveraine des parcelles agricoles se plaint d’être incommodée gravement (voire malade) par l’épandage de substances agrochimiques dangereuses, et la municipalité se doit de stopper ces nuisances pour des raisons sanitaires,

· de l’autre côté, l’Etat condamne le maire pour entrave au bon fonctionnement des exploitations agricoles, car l’épandage de ces produits phytosanitaires est autorisé par les instances environnementales gouvernementales.

 

Le soutien de la municipalité de Langouët, s’est traduit dans certaines communes, par le vote par le conseil municipal soit:

· d’un voeu ou d’une motion reprenant les mêmes arguments ;

· comme à Savigny-le-Temple, l’arrêté prescrivant une zone de non épandage de 150 mètres autour des habitations, en prenant soin d’inclure les traitements des voies ferrées et la protection des cours d’eau.

Savigny-le-Temple, première commune de Grand Paris Sud à voter un arrêté anti-pesticides

Pour avoir été la première commune de Seine-et-Marne à avoir pris cette décision, la mairie de Savigny- le-Temple, le 27 septembre 2019, a été confrontée à une importante manifestation d’agriculteurs venus avec tracteurs et remorques chargées de détritus divers, prêts à en découdre (avec des mots d’ordre violents) si la mairie ne retirait pas son arrêté. Afin de ne pas « mettre le feu » à la commune, et après avoir reçu pendant

1h30 une délégation dont un agriculteur local et les présidents et  secrétaires des syndicats FDSEA77 et JA77, La maire a décidé de suspendre son arrêté avec, en contrepartie, la reprise d’un dialogue basé sur deux points :

· l’étude de projet(s) de ferme(s) urbaine(s) bio sur les parcelles du patrimoine de la ville dont la production serait destinée prioritairement aux cantines scolaires,

· la mise en œuvre d’une gestion de la qualité du vivant sur la commune, à partir de la charte de « bon » voisinage agriculture-ville, signée en mai dernier par le préfet, le président des Maires de Seine-et-Marne, la FDSEA 77, le JA 77. L’objectif étant d’améliorer les relations habitants-agriculteurs par une meilleure compréhension et la volonté de réduire les nuisances et les produits phytosanitaires épandus sur les cultures.

 

La médiatisation de ces mouvements provoque, bien entendu, une mise en lumière du problème de l’agrochimie. La municipalité de Savigny le Temple est bien concernée par le problème de par ses espaces agricoles qu’elle cherche à préserver (cf. le Plan Local d’Urbanisme) : la Maire doit donc « faire face » à cette triple exigence :

· protéger les terres agricoles de son territoire et rechercher des alliances avec d’autres communes de l’agglomération GPS ;

· protéger les habitants supportant les nuisances dues à l’épandage des produits phytosanitaires ;

· maintenir des exploitations agricoles viables, qu’elle souhaiterait voir se tourner vers une consommation locale.

 

La délibération de Savigny-le-Temple, les vœux des communes sont-ils pour la « bonne cause », sincères ou s’agit-il de « moussage politique » ?

 

Y-aura-t-il des résultats concrets sur notre territoire par la suite ? La rivalité entre profession agricole et Ville Nouvelle date de près de 40 ans sur Sénart, avec des rancunes tenaces.

Dans les années 2000, une association s’était constituée pour requalifier l’agriculture à Sénart (agriculture péri-urbaine) et la faire reconnaître par les élus et la population avec pour objectif la construction d’une relation durable entre élus, acteurs territoriaux, profession agricole et habitants. C’était il y a près de 20 ans et ce fut un échec, de par l’absence de motivation des élus de l’époque sur la question agricole.

Aujourd’hui, l’initiative de la Maire de Savigny-le-Temple remet la question au cœur des préoccupations de Grand Paris Sud. Peut-on espérer ce sujet porté notamment par nos associations soit pris en compte ? Une agriculture sur Grand Paris Sud, qui représente 25% des surfaces du territoire, doit pouvoir trouver son point d’équilibre.

Cet objectif ne pourra être atteint qu’avec des élus motivés, préoccupés de santé publique, partageant une vision commune, disposant des ressources et compétences ad hoc pour agir.

On connaîtra alors la motivation des actions précitées.

Date de dernière mise à jour : 25/01/2020