Impacts sanitaires du bruit

Impacts sanitaires du bruit des transports en région parisienne

Contexte

Bruitparif a publié en février 2019, une étude sur les conséquences sanitaires du bruit, en Ile-de-France. Cette étude couvre une population de 10 104 222 habitants.

Ses conséquences dépassent la simple gêne, même au-delà des impacts sur le système auditif. En effet, plusieurs effets extra-auditifs ont ainsi été identifiés : en particulier les perturbations du sommeil, les troubles cardio-vasculaires et la baisse des capacités d’apprentissage.

Bruitparif a évalué la morbidité liée au bruit des transports au sein de la zone francilienne, afin de disposer de données quantifiées, pour faire progresser la prise de conscience sur cet enjeu majeur de santé publique.

La morbidité d’une population se définit comme étant le nombre de personnes malades ou le nombre de cas de maladies dans une population déterminée, à un moment donné. Dans le présent contexte, l’évaluation est faite à partir des taux de gêne et de troubles du sommeil qui peuvent être estimés dans la population du fait de l’exposition au bruit des transports.

La méthodologie utilisée par Buitparif, est celle proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fondée sur l’utilisation de l’indicateur synthétique : années de vie en bonne santé perdues (DALY – Disability Adjusted Life Years). Cet indicateur repose principalement sur deux autres indicateurs : le Lden, indicateur du niveau de bruit global pendant une journée complète, et le Ln, niveau sonore de nuit, entre 22h et 6h.

Principaux résultats

Au sein de la zone dense francilienne, la population est fortement exposée au bruit des transports sur l’ensemble de la journée puisque près de 90% des habitants, soit plus de 9 millions de personnes, sont exposés à des niveaux supérieurs aux valeurs recommandées par l’OMS.

La nuit, les niveaux sonores générés par les transports diminuent. Toutefois, près de 87% de la population vit encore dans un logement exposé à un niveau de bruit extérieur dépassant l’un des objectifs nocturnes de qualité fixés par l’OMS et 510 900 habitants (soit 5,1% de la population) sont même concernés par des niveaux nocturnes qui dépassent l’une des valeurs limites réglementaires (Lden ou Ln).

La Métropole du Grand Paris concentre l’essentiel des enjeux d’exposition au bruit des transports, toutes sources confondues, en dénombrant 71% (Lden) et 74% (Ln) des personnes qui sont en situation de dépassement des valeurs limites.

Hors Métropole du Grand Paris, ce sont les agglomérations fortement concernées par les nuisances aéroportuaires qui présentent les proportions les plus élevées de personnes en situation de dépassement des valeurs limites.

En termes d’impacts sanitaires, le bruit des transports est responsable au total de 107 766 années de vie en bonne santé perdues chaque année (DALY) au sein de la zone dense francilienne.

Représentant 65 607 DALY, le bruit routier est responsable de 61% de ces impacts sanitaires, suivi par le bruit ferré (23 440 DALY, 22%) et le bruit aérien (18 718 DALY, 17%).

La Métropole du Grand Paris concentre 63% de ces enjeux sanitaires, avec 68 216 DALY. Rapportées à l’individu, les évaluations réalisées donnent une valeur statistique moyenne de 10,7 mois de vie en bonne santé perdue.

Les disparités territoriales sont toutefois très importantes avec des écarts relevés en matière de durée de vie en bonne santé perdue par habitant qui vont de 7,1 mois à 24,5 mois (soit un rapport 1 à 3,45) selon les territoires et agglomérations et de 2,6 mois à 38,1 mois (soit un rapport 1 à 14,65) selon les communes. Le risque individuel peut même atteindre voire dépasser les trois ans de vie en bonne santé perdue pour les communes qui conjuguent de fortes expositions aux nuisances sonores aéroportuaires à des expositions marquées aux nuisances générées par les transports terrestres. C’est le cas par exemple des villes de Compans (- 38,1 mois), d’Ablon-sur-Seine (- 37,8 mois) et de Villeneuve-le-Roi (- 34,3 mois).

07 02

Avec près de 108 000 années de vie en bonne santé perdues, le bruit apparaît comme la deuxième cause de morbidité, derrière la pollution atmosphérique. Ces estimations ont pu être comparées aux précédentes évaluations réalisées par Bruitparif. Les estimations ont été revues nettement à la hausse (passage de 75 000 en 2015, à 108 000 DALY en 2019, soit +43%). La perte de mois de vie en bonne santé au cours d’une vie entière s’élève désormais à - 10,7 contre - 7,3 dans l’estimation de 2015.

Le bruit routier

La Métropole du Grand Paris concentre l’essentiel des enjeux d’exposition au bruit routier, avec 86% et 91% des personnes qui sont en situation de dépassement des valeurs limites selon les indicateurs Lden (valeur limite de jour) et Ln (valeur limite de nuit).

Hors Métropole du Grand Paris, c’est la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc qui présente la proportion la plus élevée (12%) de personnes en situation de dépassement de la valeur limite en Lden.

En termes d’impacts sanitaires, le bruit routier est responsable de 65 607 années de vie en bonne santé perdues chaque année au sein de la zone dense francilienne, réparties à parts à peu près égales entre les DALY liées à la gêne sonore (31 994, soit 49%) et les DALY liées aux perturbations du sommeil (33 613 DALY, soit 51%).

Rapportés à l’individu, les évaluations réalisées donnent une valeur statistique moyenne de 6,5 mois de vie en bonne santé perdues par habitant au cours d’une vie entière au sein de la zone dense francilienne.

Le bruit ferré

En Ile de France, environ 51 000 personnes, soit 0,5% de la population seraient en situation de dépassement d’une des valeurs limites réglementaires selon l’indicateur Lden (73 dB(A) pour les lignes conventionnelles et 68 dB(A) pour les lignes à grande vitesse).

Là encore, la Métropole du Grand Paris concentre la majorité des enjeux d’exposition au bruit ferré, avec de l’ordre de 62% des personnes qui sont en situation de dépassement des valeurs limites réglementaires.

Hors Métropole du Grand Paris, c’est la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise qui présente les proportions les plus élevées de personnes en situation de dépassement des valeurs limites en Lden (1,1%) et en Ln (1,8%).

En termes d’impacts sanitaires, le bruit ferré est responsable de 23 440 années de vie en bonne santé perdue chaque année au sein de la zone dense francilienne, réparties entre les DALY liées à la gêne (8 352 DALY, soit 36%) et les DALY liées aux perturbations du sommeil (15 088 DALY, soit 64%). La Métropole du Grand Paris concentre 59% de ces enjeux sanitaires.

 

Rapportées à l’individu, les évaluations réalisées donnent une valeur statistique moyenne de 2,3 mois de vie en bonne santé perdus du fait du bruit ferré par individu au cours d’une vie entière au sein de la zone dense francilienne.

Le bruit aérien

375 000 personnes, soit 3,7% de la population de la zone dense francilienne sont exposées à des niveaux de bruit dépassant la valeur limite réglementaire de 55 dB(A) selon l’indicateur Lden. Ceci représente de l’ordre de sept fois plus que pour le bruit ferroviaire pour le même indicateur. C’est toutefois le tiers environ du nombre de personnes exposées au-dessus de la valeur limite pour le bruit routier.

En termes d’impacts sanitaires, le bruit aérien est responsable de 18 718 années de vie en bonne santé perdue chaque année au sein de la zone dense francilienne, réparties entre les DALY liées à la gêne (6 491 DALY, 35% du total) et les DALY liées aux perturbations du sommeil (12 227 DALY, 65% du total).

Les nuisances cumulées de Paris-CDG et Paris-Le Bourget représentent 15 008 DALY soit 80% des DALY, contre 3 581 DALY soit 19% pour l’aéroport de Paris-Orly.

Rapportées à l’individu, les évaluations réalisées donnent une valeur statistique moyenne de 1,9 mois de vie en bonne santé perdue du fait du bruit aérien par individu au cours d’une vie entière au sein de la zone dense francilienne.

Grand Paris Sud

Grand Paris Sud, n’apparaît pas dans les valeurs limites enregistrées. La communauté est « épargnée » par le trafic aérien, sauf à Combs-la-Ville où l’impact reste très faible. Sans surprise, c’est la route qui génère la plupart des impacts, répartis sur pratiquement toutes les communes, suivi d’assez loin par le rail qui concerne principalement les villes qui ont une gare.

Avec 8,1 mois en bonne santé perdues en moyenne par habitant, Grand Paris Sud est inférieure 10,7 mois sur la moyenne francilienne. Seules 4 communes sénartaises sont proches, ou dépassent la moyenne : Cesson, Moissy-Cramayel, Combs-la-Ville et Savigny-le-Temple. Il faut rapprocher ces chiffres de la présence, en plus d’une gare, d’un parc logistique XXL sur le même territoire, avec une circulation de poids lourds en constante augmentation. Sans intervention de la part de nos décideurs, cette situation ne pourra qu’empirer.

Nos appels à un moratoire sur la logistique n’ont toujours pas été entendus…

Le rapport complet est disponible sur le site de Bruitparif :

https://www.bruitparif.fr/impacts-sanitaires-du-bruit-des-transports-dans-la-zone-dense-francilienne/