Fifi: il est (encore) temps!

Il est de ces matins où rien ne va ! La fatigue de la veille, qui aurait dû disparaître dans les bras de la nuit, pèse de tout son poids sur le bord du lit. Le café à l’amertume des jours sans espoir. Dehors le brouillard cache toute trace d’humanité et le froid glace les os. Bref un monde étrange, inattendu et sans perspective.

La Covid 19 était comme le miroir de ces matins poisseux que détestait Fifi. Et pourtant, il fallait s’y faire, regarder la situation en face et avancer… pour ne pas reculer !

Fifi voyait ce nouveau monde qui amplifiait, en pire, celui d’hier. Le changement climatique pesait chaque jour davantage et « le monde de demain » serait peut-être celui d’après-après-demain. Le confinement évoquait à Fifi les premiers de corvée, la découverte insupportable leurs activités socialement indispensables, le courage et l’abnégation, la souffrance et parfois la mort.

Et pendant ce temps-là la vie démocratique continuait ou presque.

A Grand Paris Sud, les élections municipales, comme partout, connaissaient un taux d’abstention record pouvant aller jusqu’à près de 75 %.

Si la légitimité des nouveaux élus ne pouvait être discutée, le déficit démocratique devait les interpeller et ils devaient impérativement agir

Le changement climatique allait-il conduire au réchauffement … des relations citoyennes ?

Fifi se disait qu’une des relations à changer était surement la place des femmes dans l’exécutif communautaire qui aujourd’hui étaient 10 sur 36 et 3 sur 16 au bureau communautaire !

Fifi avait suivi avec beaucoup d’intérêt les travaux de la convention citoyenne sur le climat. Des citoyens, tirés au sort, représentatifs de la société ont produit 149 propositions.

Fifi sourit. Il imagine la communauté d’agglomération de Grand Paris Sud, sur le modèle de cette convention, engager une démarche de déclinaison des orientations de la convention citoyenne sur le climat dans laquelle citoyens, associations, représentants socioprofessionnels, … seraient associés.

Le nouveau président de l’agglomération, lors de son élection, a défini trois grandes orientations dont celle sur la transition écologique :

« - La transition sociale et écologique, à intégrer dans toutes nos politiques publiques. Notre action doit être offensive : utiliser des énergies renouvelables, protéger nos ressources, renforcer notre maîtrise publique de l’eau, agir pour une alimentation plus responsable, intégrer la sobriété énergétique dans nos investissements, agir pour l’isolation des bâtiments publics, déployer le Plan vélo, développer les clauses sociales et environnementales dans notre commande publique, etc. »

Il déclarait également :

« Les communes et les intercommunalités, parce qu’elles sont la première brique de notre République et de notre démocratie, parce qu’elles traitent tous les thèmes de la société, parce qu’elles sont au plus près des problématiques et des habitants, portent une part importante des solutions dont notre pays et ses territoires ont besoin. »

Fifi constatait que la grande absente de ces déclarations était la population. Comme un « Ne vous inquiétez pas, on s’occupe de tout !

Fifi se disait que si les communes et les intercommunalités étaient « au plus près des problématiques et des habitants », en ces moments de déficit démocratique, la déclinaison citoyenne des propositions de la convention devait être pour elles incontournable.

En ces temps difficiles et incertains, il ne s’agissait pas pour Fifi de douter de la bonne foi des élus de Grand Paris Sud et de leurs prises de parole.

Comme tout le monde, il voyait que les premiers effets du changement climatique étaient là. Cette urgence prégnante devrait, pour lui conduire à une agglomération en marche, engagée pour les générations présentes et futures, ayant diminué ses émissions de gaz à effet de serre en 2030.

Fifi se rappelait cette citation de Nelson Mandela : « La démocratie signifiait qu’on devait écouter tous les hommes, et qu’on devait prendre ensemble une décision en tant que peuple ».

Fifi pensait qu’il était temps de mettre, ensemble, enfin, en pratique ces propos à Grand Paris Sud !

Il repensait à ces matins cotonneux et lourds. Et si le bon sens, la bonne volonté apportaient leur part de lumière, ses levers, seraient alors, il n’en doutait pas, plus faciles.