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Des transports saturés

Des transports saturés, une fatalité? Oui sans volonté politique!

La question des transports, conduit nécessairement à une analyse même sommaire, de l’organisation de notre territoire avec ses bassins d’emplois qui se sont éloignés peu à peu des lieux de vie ?

La ville d’aujourd’hui n’est plus en phase avec les générations naissantes. Nous sommes dans une période de doute avec beaucoup de questions sans réponse. A cet égard, la crise suscitée par les gilets jaunes appuie là où ça fait mal à nos certitudes. Une fracture s’est ouverte entre ceux qui aspiraient à vivre dans une France en mouvement, et ceux oubliés sur le bord du chemin qui assistent avec impuissance au développement de la ville dense, pourvoyeuse de richesse. La poursuite de la désindustrialisation et l’abandon du maillage des lignes de chemin de fer peu rentables n’ont pas favorisé la situation.

Paradoxalement, les « banlieusards » franciliens se trouvent confrontés à une demande de logements difficilement satisfaite, éloignés de leur lieu d’emplois, et connaissent, eux aussi, des difficultés quotidiennes dans leur déplacement.

A deux échelles différentes la question des transports cristallise ce mécontentement. Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart concentre les deux situations devenues inextricables pour beaucoup des 340 000 habitants qui y vivent.

Avec la reconstruction à marche forcée d’après-guerre et la création des villes nouvelles d’Evry et de Sénart, fallait-il laisser prospérer des villes dortoirs sur l’ensemble du territoire, sans réorganiser au préalable la carte administrative du pays ? Un Etat contesté dans sa vision jacobine n’a pas favorisé la cohérence des territoires. A cet égard, Grand Paris Sud ne constitue pas le meilleur exemple. La plupart des 23 communes de la communauté d’agglomération n’ont fait qu’encourager des opérations de logements portées par la rentabilité de la promotion immobilière. Le cas d’Evry-Courcouronnes est différent, mais aussi problématique, avec une population qui ne correspond pas aux catégories d’emplois créés dans la ville. En effet, 68% des actifs Evryens se déplacent quotidiennement pour rejoindre d’autres lieux d’activités !

Des transports saturés, une fatalité?

Oui sans volonté politique!

Sénart aurait pu connaître une situation différente, avec une volonté initiale fortement appuyée de créer un emploi par logement. Cette vision politique n’a malheureusement pas prospéré.

Un réseau routier saturé

Ainsi, le réseau routier aux heures de pointe est depuis longtemps inadapté, les transports en commun ne font plus face à l’augmentation régulières des usagers condamnés à des temps de déplacement de plus en plus longs dans des conditions de plus en plus dégradées. Une perte énergétique immense et une pollution aggravée.

La construction d’un réseau routier pléthorique durant les trente dernières années a contribué à la dégradation des temps de transports. La possibilité de trouver un logement moins onéreux en s’éloignant des zones denses a favorisé la saturation du réseau avec des déplacements individuels de plus en plus nombreux.

De plus l’absence de prise en compte du ferroutage a privilégié la création des plates-formes logistiques qui, outre l’atteinte aux paysages, ont contribué à une augmentation sans fin du transport poids lourds, jusqu’à la saturation quotidiennes des grands axes de déplacement que sont l’A6, la N7 et la N104, sans parler du réseau secondaire lui aussi congestionné.

Un réseau de transport en commun inadapté

La croissance continue de la population dans les communes-dortoirs n’est pas sans conséquence sur la capacité des transports en commun à assurer la migration quotidienne vers les bassins d’emplois.

L’exemple de la mise en terminus de la ligne de la vallée du RER D à Juvisy-sur-Orge depuis le 9 décembre 2018 ajoute une difficulté supplémentaire aux 9 000 usagers qui empruntent cette ligne. Cette rupture de charge est la conséquence d’une demande d’urbanisation supplémentaire d’Evry-Courcouronnes qui cherche à modifier la structure sociale de la ville, trop longtemps associée à une image négative liée à la paupérisation de nombreux quartiers.

Par ailleurs, la solution des bus de substitution qui empruntent le réseau routier saturé aux heures de pointes n’est pas non plus de nature à répondre à la situation.

Les déplacements des deux roues

Là encore il faut se rendre à l’évidence. Si les pistes cyclables ont bel et bien existé, notamment à la création de la ville nouvelle d’Evry, elles ont souvent disparues peu à peu du paysage et la difficulté actuelle repose sur les nombreuses coupures urbaines qui constituent des freins à leurs reconstitutions.

Quelle alternative pour Grand Paris Sud ?

Paul Banquart dans Une histoire de la ville, ouvrage paru en 1997 écrivait : « …la commune doit se penser en intercommunalité, la ville en réseau de villes, l’urbain en général en vecteur d’une citoyenneté universelle faite de diversités créatrices. »  

En d’autres termes, la ville doit offrir toutes les composantes de la société moderne. La ville durable, c’est celle qui favorise, outre la mixité sociale, la mixité des usages, seule capable d’offrir à ses habitants une relation habitat/emploi décente.

Il existe une occasion unique pour Grand Paris Sud de corriger les errances du passé : produire un état des lieux, puis un diagnostic sincère dans l’élaboration de son SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale). Ce document de planification stratégique fixe à l'échelle d'un territoire, les grandes orientations d'aménagement et de développement pour les 20 ans à venir, dans une perspective de développement durable avec, notamment :

? une vision d’ensemble du territoire, bassin de vie ;

? une harmonisation et coordination en matière d’urbanisme, d’habitat, de développement économique et de transport ;

? un respect de l’environnement.

 

La question qui reste en suspens est politique : la volonté du bien commun des élus communautaires sera-t-elle au rendez-vous ?