Contournement de Melun

Contournement de Melun : comment maîtriser les mobilités ?

L’état des lieux

 

L’inauguration le 12 novembre 2019 d’une nouvelle portion 4 voies du barreau RD 1605 au Nord de Melun a réactivé le spectre d’un contournement général autoroutier de l‘agglomération par l’ouest, autrement dit le C5.

Le président du Conseil départemental de Seine-et-Marne, la présidente du Conseil Régional d’Île-de-France, le maire de Melun, se pressaient sur la photo pour couper le cordon.

Le projet C5 de contournement est une vieille et longue histoire, plusieurs fois enterré mais jamais vraiment abandonné par les pouvoirs publics. L’esquisse de ce contournement figure toujours dans le Schéma de Développement Régional d’Ile-de-France (SDRIF), il est aussi dans les cartons du plan anti-bouchons de la Région et du Conseil départemental. Il a fait son apparition dans le projet de Schéma de cohérence territorial de l’agglomération Melunaise.

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De fait, l’agglomération de Melun est un noeud de communications routières très denses venant principalement du nord de la Seine-et-Marne et au-delà, se rejoignant en entonnoir vers le centre-ville de Melun, avec passage obligé par l’Avenue Thiers qui dessert la gare SNCF et le sud de la Seine-et-Marne vers Fontainebleau :

Ø D 636 en provenance de Meaux et A4 ;

Ø A 105 prolongement de la 104, en provenance de Marne-la Vallée ;

Ø D 306 en provenance de Sénart et Paris (Le Nouvel hôpital de Melun et le Santépôle) ;

Ø D 346 en provenance de Corbeil et Evry…

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Le trafic

 

Une part du trafic routier traversant l’agglomération est endogène (nombreux déplacements à l’intérieur de l’agglomération, faute d’un réseau de transports en commun adapté).

Une autre part est exogène, transitant par Melun sur cet axe nord-sud du département, pour éviter les encombrements du franchissement de la Seine par la 104 ou le péage de l’A5.

 

Le serpent (de mer ?) du C5

 

Solution toute trouvée par certains génies de la Brie… : construire une nouvelle rocade 4 voies contournant complètement l’agglomération de Melun par l’ouest, en suivant le tracé de la ligne à haute tension qui a déjà taillé dans le vif au bord de la forêt de Bréviande, à la bordure du Mée-sur-Seine.

Facile ! Mais après, pour écouler ce nouveau trafic, il faudrait aussi construire un monumental ouvrage pour traverser la Seine, pour ensuite enjamber sans façon la rivière de l’Ecole afin de rejoindre l’A6. Bref, un chantier pharaonique, pour quel résultat ?

 

La volatilité du trafic routier

 

Les encombrements de l’agglomération de Melun sont un abcès de fixation qui ne concerne pas seulement ses habitants et responsables locaux. Cette situation est le produit de phénomènes de développement mal maîtrisés à l’échelle territoriale, départementale et régionale :

Ø La carte des transports en commun est en retard à tous les niveaux : les travaux du TZen2 devant relier Sénart à Melun débutent à peine, les seuls transports en commun sur l’axe Nord-Sud du département sont des lignes de bus ;

Ø Le développement outrancier de la logistique en Seine-et-Marne, principalement le long de la Francilienne a exacerbé les embouteillages chroniques.

Nombre de camions estimé, générés par les sites logistiques de Sénart : 1 400 000/an …

Le trafic routier est très volatile : il s’engouffre d’abord dans les nouvelles voies qui lui sont offertes et, la saturation atteinte, recherche ailleurs par où passer, avec l’aide maintenant très performante d’applications mobiles. La question de la traversée de Melun ne concerne donc pas seulement cette agglomération.

La carte ci-dessous illustre montre bien que le secteur Corbeil/Evry (A6-104) est complètement lié au secteur Melun (A5, etc.) et que cela constitue un système unique, qui doit être traité comme tel.

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Ce monde est-il sérieux ?

 

Dans cette situation complexe et apparemment inextricable, beaucoup d’élus se disent que le mieux est de feindre de maîtriser un phénomène qui les dépasse. Et donc d’afficher des postures déterminées en pour ou contre le contournement, selon leur situation géographique, surtout en période électorale…Du côté de Melun on penche pour, et inversement du côté du Mée-sur-Seine, Dammarie-les-Lys, sans compter les communes de la rivière de l’Ecole, peu enthousiastes.

En mai 2019, les élus de Sénart 77 unanimes (Cesson, Combs-la-Ville, Lieusaint, Moissy-Cramayel, Nandy, Réau, Savigny-le-Temple et Vert-Saint-Denis) ont écrit aux autorités administratives et politiques pour exprimer leur opposition à l’atteinte au Bois de Bréviande et leur souhait d’être associés aux études. Lettre morte ?

Mais qui prendra enfin cette question au sérieux, afin de réunir autour de la table toutes les parties prenantes ? Les agglomérations de Melun Val de Seine et Grand Paris Sud se concertent-elles ? Les conseils départementaux de Seine-et-Marne et Essonne, les préfets se parlent-ils ? La Région fait-elle son travail ?

En attendant vainement un miracle politico-administratif, quoi faire ? La période électorale offre une opportunité pour des actions publiques afin de sensibiliser la population. Plusieurs associations ont donc en projet une manifestation fin février pour la préservation du Bois de Bréviande. Mais « sauver le soldat Bréviande » comme l’a déjà dit l’Ecocitoyen déchaîné n’est pas suffisant, il faut agir sur la situation à un niveau d’ensemble.

France Nature Environnement Seine-et-Marne, qui appelle aussi à ce rassemblement, a intégré cette dimension et notre collectif GPSE ne peut que souscrire à son point de vue :

Circulation dans le sud francilien : un débat public nécessaire

« FNE Seine-et-Marne constate qu’aujourd’hui les modèles de circulation actuel et futur, au sein des agglomérations de Melun Val de Seine, Grand Paris Sud et aussi plus largement du massif forestier de Fontainebleau, sont construits prioritairement autour de la voiture et du transport routier, sans :

  • intégrer réellement les impératifs de la transition sociale et écologique ;
  • proposer une vision globale et cohérente, compréhensible par tous ;

Cela conduit à des projets couteux pour les collectivités territoriales. Quelques exemples significatifs, parmi d’autres,

  • les forts risques d’engorgement de la circulation sur les ronds-points nord de Melun avec des difficultés pour accéder au Santépôle de Seine-et-Marne à Melun, alors qu’une extension vient d’y être décidée ;
  • les conditions de circulation dans l’avenue Thiers et le retard significatif dans la mise en oeuvre du projet TZen2 ;
  • sans utilité réelle démontrée :
    • l’amputation envisagée du bois de Bréviande, «poumon vert» d’une partie des populations de Melun et du Mée-sur-Seine ;
    • la modification défavorable de périmètre de protection de la Forêt de Fontainebleau ;
  • l’atteinte aux paysages des vallées de Seine et d'Ecole ;
  • …/ …
  • font apparaître une absence de cohérence et de transparence où la défense d’intérêts légitimes mais contradictoires prend le pas sur l’intérêt général.

A l’issue des élections municipales, FNE Seine-et-Marne demandera, aux nouvelles collectivités territoriales, l’organisation d’un débat public associant toutes les parties prenantes pour construire en toute transparence, dans l’intérêt général, un plan global s’intégrant dans une transition sociale et écologique.

Pour cela elle propose la saisine de la Commission Nationale du Débat Public.

FNE Seine-et-Marne s’associe à la marche du 29 février, dans une démarche non partisane, car elle est un levier parmi d’autres, pour sensibiliser les populations et exiger ce débat public. »

 

 

Date de dernière mise à jour : 13/02/2020

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