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De 1970, « la ville à la campagne », à 2021 « la ferme en ville » …

« La ville nourricière », une nouvelle mode ?

 

« La campagne dans la ville » ? : que s’est-il passé pour qu’on en arrive à un tel renversement de situation ?

« Les villes devraient être construites à la campagne, l'air y est tellement plus pur. »

Alphonse Allais.

C’est ce que l’on pensait jadis quand on rêvait de nature, d’espace, de silence, de liberté. L’agriculteur, en ce temps-là, était ressenti comme un ami, étrange parce que différent, très différent bien sûr, mais loin d’être accusé de polluer, il était considéré comme un bienfaiteur. Non seulement il nous garantissait l’air pur mais Il nous nourrissait et quand on le pouvait, on se ravitaillait directement chez lui.

Aujourd’hui, l’idée à la mode est de faire de nos villes des « villes nourricières » puisque c’est ainsi que s’exprime le Grand Paris Sud quand il présente ses actions à venir (cf. rapport d’activités 2020). Comment en est-on arrivé là ?

Les relations avec les agriculteurs se sont-elles gâtées à ce point ? Désire-t-on leur faire savoir que nous n’avons plus besoin d’eux ? Après les avoir privés de leurs terres, voudrions-nous maintenant leur retirer leur légitime fierté professionnelle et leur contester leurs compétences qui se transmettent de génération en génération depuis des millénaires ?

Les « villes nourricières » prétendraient-elles savoir, mieux que les agriculteurs, comment nourrir leur population ? Et pourtant l’ambition de ces villes se limite à leur seul périmètre, à leurs seuls habitants, comme un retour égocentrique à l’entre soi que beaucoup d’entre nous déplorent ?

Ce besoin actuel de mettre dans la ville des activités horticoles répond en fait à plusieurs constats.

L’obsession, souvent imposée, du rendement et de la performance a conduit l’agriculteur à employer des méthodes qui se sont avérées dangereuses voire nuisibles à l’homme et à la biodiversité comme l’usage des pesticides.

Les maladies entre autres comme le cancer, le diabète ont provoqué le rejet de ce qui n’est pas « naturel ».

Les citadins, quant à eux, nombreux à souffrir de la malbouffe, sont en recherche de la vraie campagne, de la vraie, vivifiante et généreuse. Il est urgent d’entendre leurs cris et de chercher des solutions, sans relâche et sans réserve.

Mais les agriculteurs, eux aussi, ont des frustrations et des colères légitimes.

Les terres périurbaines, souvent, ne leur appartiennent pas : elles leur ont été confiées, à titre précaire. Ils restent habités par le ressentiment d’avoir été dépouillés de leur terre. Ils restent aujourd’hui encore à la merci des promoteurs, des communes, de l’Etablissement Public d’Aménagement (EPA) de Sénart.

Comment peut-on investir dans une agriculture « durable », avec un matériel performant et des méthodes nouvelles, si l’utilisation des espaces agricoles reste précaire ?

Devant l’incertitude du lendemain, devant les contraintes et les exigences, les jeunes renoncent à prendre la relève. Une génération vieillissante cultive à sa manière qui n’est pas toujours très attentive au voisinage.

En revanche les villes ont à leur disposition plusieurs milliers d’hectares de terres non construites, des vergers, des cueillettes, des bois, des bosquets et des parcs.

Ces patrimoines communaux, de fait, nous appartiennent ! Qu’elles :

  • Y mettent déjà en œuvre toute leur volonté de bien faire ;
  • Concrétisent des projets sur les espaces qui font problème aujourd’hui : le verger de Cesson, le verger de Lieusaint, les 4 ha de terres agricoles de Noisement …
  • Veillent à les confier à des professionnels afin de réaliser quelque chose d’aussi utile aux citadins que la Cueillette de Servigny, florissante aux abords du Carré, en plein centre de Sénart, créatrice d’emplois et respectueuse de l’environnement.

Ajoutons qu’il est plus que souhaitable de réaliser de tels projets avec l’accord de tous les partenaires concernés : les élus, les administrations, les agriculteurs, les associations, …

Que nos élus travaillent à rapprocher les différentes catégories de citoyens qui n’ont pas d’autre choix que de vivre ensemble. Il est plus efficace et plus « citoyen » d’unir les compétences plutôt que de les opposer voire créer des conflits inutiles

Car aucun projet commun ne pourra être « durable » sans le rétablissement de la CONFIANCE.

Aujourd’hui, et depuis trop longtemps, les postures - devenues historiques - de ces deux mondes, le rural et l’urbain, conduisent à des impasses de chaque côté :

  • Les urbains préoccupés par leur santé, ne supportent plus d’être pollués par les produits phytosanitaires (engrais, pesticides, etc.), de voir l’environnement se dégrader.
  • Les agriculteurs, dans leur droit, continuent d’épandre des produits autorisés sur les terres périurbaines parce que l’équilibre économique de leur exploitation est menacé. Des mesures comme l’arrêté anti pesticide (bande de non traitement de 200m de large autour des zones habitées) les heurtent d’où l’expression de leur colère au cours de la manifestation de septembre 2019, à Savigny le Temple, contre l’arrêté anti pesticides de la mairie.

Faute de compréhension mutuelle les positions se durcissent.

Les jeunes agriculteurs, quant à eux, se détournent d’une profession devenue si contestée et ne reprennent pas les terres trop menacées par l’urbanisation. N’étant pas soutenus par la confiance des citadins, ils ne s’engagent pas dans des projets nouveaux mieux adaptés aux réalités actuelles comme la mise en valeur des quatre hectares proposés par l’Agence des Espaces Verts autour de Noisement.

La résolution de ce conflit ne pourra se trouver que dans un changement d’attitude de part et d’autre.

En 2000 déjà, sur Sénart, des tentatives ont été menées dans cet esprit par l’association « Les Champs de la ville », créée à l’instigation de la Région Ile-de- France mais qui, n’a pas réussi à faire aboutir son projet faute de participation active des élus locaux. Pourtant sur d’autres territoires, par exemple, Plaine de Versailles, Le Triangle Vert de l’Hurepoix, de beaux projets durables ont été réalisés avec succès (www.plainedeversailles.fr

www.trianglevert.org).

Ce désaccord entre responsables politiques a condamné pour longtemps les chances de succès d’un rapprochement entre les divers partenaires de la gestion du territoire.

Il est urgent aujourd’hui de de se ressaisir, et de reprendre le chemin de la concertation.

Il est urgent que :

  • Chacun accepte de comprendre les préoccupations et problèmes de l’autre ;
  • Devienne possible un échange dans la CONFIANCE pour une solution commune.

Nous vivons sur un même territoire ; c’est notre patrimoine commun ; nous avons l’obligation impérative de le faire VIVRE, coûte que coûte. La préservation du vivant est notre objectif commun.

Qu’attendons-nous pour échanger des solutions acceptables pour tous ? Qu’attendent les acteurs de nos territoires (Grand Paris Sud, Etablissement Public d’Aménagement de Sénart, communes, etc…) pour faire le premier pas ?

L’heure est venue pour nous, de leur faire savoir qu’il existe une méthode et une équipe prête à mettre en place les conditions d’un retour à la confiance mutuelle, prête aussi à guider les partenaires sur le chemin d’une franche collaboration pour un « vivre ensemble » fécond.

Ce que cette équipe a su faire dans plusieurs territoires de France et du Monde pourquoi ne pas le proposer à la population de Grand Paris Sud ?

« Pas de pays sans paysans. »

Raymond Lacombe)

L’agriculture sur mon territoire, ça m’intéresse. Parlons-en ensemble !

Et, pour finir, cette petite parabole à méditer :

Deux fillettes se chamaillent autour d’une orange.

Le père intervient (en décideur) et tranche avec autorité l’orange en deux pour en distribuer la moitié à chacune.

Elles repartent furieuses ! Pourquoi ?

Si le père avait compris qu’en leur demandant ce qu’elles souhaitaient faire avec l’orange, il se serait aperçu que l’une voulait faire un gâteau avec le zeste et l’autre un jus d’orange…

 

Date de dernière mise à jour : 10/04/2021