De chacun son schéma de transition : plaidoyer pour une plus grande cohérence.

En ce mois d’avril 2023, le Conseil départemental de l’Essonne et la Communauté d’agglomération « Grand-Paris-Sud », simultanément, votent et publient leurs propositions de réflexion et d’action pour faire face à la crise écologique et du réchauffement climatique.

Le Département s’engage : Eco-ambition 91 ; face à l’érosion de la biodiversité et au changement climatique, il « se mobilise et agit pour protéger les Essonniens, prendre notre part dans l’atténuation du changement climatique et engager la transformation du territoire pour assurer sa résilience ».

Grand-Paris-Sud formule 10 propositions pour une transition juste, lisible et partagée.

Les deux collectivités publiques présentent le même diagnostic général, basé sur le dernier rapport du GIEC, mais de façons différentes, l’une insistant plus sur un aspect que l’autre ; mais, on ne sait si les rédacteurs de l’une et de l’autre ont échangé leurs idées ou confronté leurs approches…On peut cependant supposer que les lecteurs et habitants de notre territoire en tireront la même analyse et les mêmes conséquences.

Le C.D. et la C.A.-GPS ne seront pas les seuls à livrer leur propre version de l’avenir, on peut aussi supposer que l’Etat, la Région, les différentes intercommunalités, puis les communes iront de leur schéma.

La C.A.-GPS propose de « confier le rôle de l’autorité organisatrice de la transition écologique aux intercommunalités et aux métropoles » et de « faire porter à l’échelle territoriale la notion de guichet unique de la transition en matière d’aides financières pour les particuliers, les copropriétés et les entreprises, et organiser le référencement d’entreprises labellisées et contrôlées par la puissance publique ».

Qui donc va prendre le leadership de la transition énergétique ?

Ces études et ces propositions présentent deux caractéristiques communes :

  1. Une ignorance des « terrains » voisins, qu’il s’agisse de zones géographiques ou de thèmes voisins. Comme si le Département ou l’Agglo.-GPS- étaient des iles…

Certes leurs idées sont le plus souvent redondantes et semblables, et c’est finalement préférable…Mais on ne voit pas de traces de consultations croisées, aucune recherche de mise en commun ou en harmonie des actions : à chacun son plan ?

  1. L’absence de priorités et/ou de calendrier de mises en œuvre des actions proposées. On se doute que certaines mesures sont plus importantes que d’autres ou sont génératrices de plus d’effets que d’autres, et que tout ne peut être engagé en même temps. Et pourtant !

Le problème posé à notre monde est à la fois complexe et compliqué :

  1. La complexité est dans la nature ces choses : nous devons la gérer ; ici, la proposition de la C.A.-GPS de « favoriser l’émergence de formations communes à l’échelle locale, pour les cadres des collectivités et des entreprises ; les élus ainsi que tous les métiers essentiels contribuant à la transition » mérite certainement d’être retenue.
  2. Mais la complication est dans nos organisations et dans celles de nos institutions.

Des arbitrages sont ici nécessaires, qui relèvent de la décision politique : où en sont les résolutions attendues du « choc de simplification » ?

Où en sont les projets de réduction du « millefeuilles » de nos collectivités locales ?

L’urgence est alors de rendre les propositions lisibles et claires pour tous les citoyens, pour qu’ils apportent au débat une participation en profondeur.

Ce qui, peu à peu, devient l’enjeu du débat, c’est ce qui doit nous permettre de nous adapter au changement climatique : plus seulement les pollutions, les déchets, mais aussi les modes de transport, l’habitat… Les projets d’aménagement du territoire sont loin de recueillir les consensus, et les choix que notre société doit faire pour traiter les milieux de vie et, partant, les hommes recueillent difficilement un consensus pourtant nécessaire.

La complexité du problème et la complication des institutions nuisent au débat démocratique si on ne les traite pas par une nouvelle approche, qui prendra en compte :

  1. La multiplicité des acteurs, dont les objectifs peuvent être contradictoires et certains impératifs ou contraintes difficilement conciliables. Comment concilier l’objectif de « zéro artificialisation nette » des sols – qui, soit s’oppose à toute extension urbaine, soit oblige à une densification des sols -- et la résolution du problème du logement –qui a besoin de terrains --?
  2. Une articulation entre élus/fonctionnaires ou permanents/ associations. Ils ont des niveaux de connaissance et d’implication différents, créant des écarts de participation, qui peuvent, avec la majorité de la population vont empêcher la démocratie participative.

 

L’idée d’une CONFERENCE TERRITORIALE s’impose ici :

  1. Qui sera un investissement en temps, nécessaire pour décider en connaissance de cause ;
  2. Et qui devrait permettre aux acteurs à

--plus de cohérence de leurs propositions, et

--l’établissement de priorités et de calendriers d’actions

Date de dernière mise à jour : 01/06/2023